Intercepter un criminel et le foutre au sol en un tour de bras était une sensation que Pratty appréciait. Elle était en civil certes, mais son boulot, ou plutôt sa vocation, ne se stopperait guère. Foutre le crime au tapis et l’écraser de sa semelle, ça ne s’improvisait pas ! Et un léger sourire satisfait se fit lorsqu’elle vit la jeune apprentie héroïne se ramener pour s’occuper de son fuyard. Au moins l’écossaise éviterait-elle de devoir s’occuper d’attendre les flics et elle éviterait un potentiel savon du fait qu’elle venait de frapper quelqu’un en pleine rue sans être en uniforme. Mais bon, ça lui en touchait une sans faire bouger l’autre, si elle avait, évidemment.

“Pas d’problème. Il aurait fini par se prendre un poteau à courir comme ça. J’ai juste accélérer l’processus.”

D’une bonne grosse mandale certes, mais au moins tout finissait bien. Le connard était au sol, justice pouvait être rendue et chacun pouvait retourner à son petit train train quotidien avec une bonne petite anecdote, même si pour Pratty, des fourmillements un peu désagréables dans l’épaule venaient entâcher ça. Mais bref, l’état du criminel lui importait peu, et de voir la rouquine presque jouer avec lui était un peu divertissant.

“T’occupes pas de lui, ça lui servira de leçon. La prochaine fois, il y réfléchira au moins, au risque de finir ses jours à boire de la soupe avec une paille.”

Car oui, les criminels n’avaient pas une très bonne couverture dentaire. Surtout lorsqu’ils tombaient face à Dreadnought. Probablement devrait-elle investir dedans… Un plan financier certes, mais ce n’était guère son dada.

“L’important, c’est que ce qui devait être fait soit fait, avec ou sans licence.”

Car ce n’était pas un diplôme, aussi beau soit-il, qui l’avait empêché de commencer à casser des gueules. Oh plusieurs fois avait-elle eu droit au revers de la médaille, et parfois ce fut elle qui fut tabassée, mais elle n’était guère du genre à s’arrêter à un échec ou à un coup de boule. Toutefois, la jeune femme, ou plutôt la voix masculine qui sortait de son bras, vint à mettre les points sur les i en dévoilant l’identité de l’héroïne, qui haussa un sourcil. Un assistant ? Ou une sorte d’IA ? Et lorsqu’elle réalisa de qui il s’agissait, les questions s’enchainèrent !

“Woh, doucement, moins fort aussi. Pas envie que tout l’quartier apprenne qui j’suis !”

La barrière entre la vie héroïque et celle de tous les jours. Elle pouvait être fine malheureusement, et dans le cas de l’écossaise… Tôt ou tard elle finirait par être brisée. Mais les gens ne connaissait pas encore assez son nom, et bien qu’elle n’agissait à visage découvert, la majorité se concentrait sur les détails. Les antennes métaliques, les canons dans son dos, sa tenue etc…

Enfin bref, cette “Camille” fut remise à l’ordre par son collègue / allié robotique, juste avant qu’un petit homme à l’allure reptilienne n’arrive tout timidement pour demander des nouvelles de son sac. Celui-ci n’était guère loin, et bien qu’il avait voltigé un peu lors de l’impact, l’était était convenable. Surement un peu de poussière, mais rien d’irrémédiable. Toutefois, une boite blanche, métallique en dépassait, avec un logo un poil bizarre, une sorte de triangle rouge… Cependant, si ce n’était ce détail, rien n’attirait plus le regard de l’écossaise, qui commençait cependant à avoir l’épaule droit sacrément douloureux, avant que, subitement, plus rien. Son bras venait de devenir juste un poids mort, sans la moindre réaction. Un peu surprise, elle vint tenter quand même, tapant dessus, avant de passablement s’énerver :

“C’est quoi c’te merde ?”

Se concentrant un peu, elle vérifia son contrôle sur ce qu’elle pouvait faire, avant que la vérité n’apparaise : une alarme se faisait sentir et l’implant dans son épaule s’était mit en sécurité.

“Putain de fonction à la con de merde !”

Oh et là, elle pourrait passer de longues minute à se tabasser l’épaule jusqu’à ce que cette merde fonctionne. Malheureusement, toute cette technologie n’était pas aussi simple qu’une télécommande, et parfois, la force brute n’était pas une solution… Au grand damn de la demoiselle d’ailleurs.

Avoir une IA réactive au point de pouvoir entretenir une conversation presque normale était quelque chose d’assez impressionnant tout de même, et un cauchemar que l’écossaise avait clairement envie d’éviter. Si une voix venait commenter la moindre de ses actions et la réprimander sitôt qu’elle faisait un pas de travers, elle deviendrait complètement folle. Mais heureusement ce n’était pas le cas, bien que sa mécano, lorsqu’elle s’invitait à distance aux opérations de Dreadnought, remplissait un peu ce rôle à son bon vouloir.

Mais bref, elle se contenta d’un haussement d’épaule quant à la bourde que l’IA manqua de faire. Visiblement, personne ne s’était ramené pour un autographe ou pour lui casser la gueule, donc force était de constater qu’aucune oreille égarée avait eu l’audace de faire front. Peut-être même que certains, apeurés par l’alias de l’écossaise, avaient joués les filles de l’air pour éviter d’être un dégât collatéral de sa prochaine intervention.

Toutefois, un point plus intriguant était la réaction de la victime de cette affaire. Sitôt son bien récupéré, il se tailla aussi rapidement qu’il était venu, voulant semble-t-il éviter de faire de vagues. Habituellement, c’était plutôt la colère qui prédominait, et certains auraient même tenter de foutre des coups de pieds dans le criminel au sol, au risque de se faire cueillir de la même manière par l’héroïne. C’était son choix, bien que c’était bizarre. Mais peut-être un peu trop bizarre aux goûts de Pratty, qui se fut toutefois rappelé à l’ordre par son épaule.

”Bordel…”

Elle pouvait pester autant qu’elle le voulait, mais le résultat était le même malheureusement. Mais c’était quand même étrange. Elle donnait de tels coups à longueur de temps, pourquoi diable aujourd’hui serait-il différent ? L’usure ? Possible, mais sa dernière maintenance était encore récente…

”Ça ira, c’est juste un contretemps. Une sale emmerde, mais j’ai connu pire qu’un épaule en vrac.”

Bref, Camille s’occupa de fouiner un peu dans le reste des affaires, une petite boite qui avait glissée derrière un pneu et qui aurait bien pu rester là des jours durants. Seulement, la “petite” avait un bon coup d’oeil, et couplé avec son acolyte, elle détecta une étrange perturbation.

“Une perturbation ?”

Après tout, même dans le mal, elle n’en restait pas moins attentive, et regarda par dessus l’épaule de sa cadette. A l’intérieur, un sacré bordel quand même, des cables dans tous les sens, du rafistolage et du bidouillage.

”Ça ressemble vaguement à truc qui pondrait un étudiant.. Mais avec du sacré matos. J’doute que ce soit pour paramétrer le robot aspirateur de la grand-mère…”

C’était vraisemblablement plus grave que ça, car sitôt qu’elle s’en approcha un peu plus, elle sentit un fourmillement beaucoup plus important dans l’ensemble de son corps, de la même manière que cela avait été avec son épaule.

“Woh, ça… C’est pas bon.”

Elle serra un peu les dents. Etait-ce une sorte de brouilleur ? Si c’était le cas, elle pouvait déjà dire que c’était la merde. Elle fronça rapidement les sourcils pestant intérieurement de ne pas avoir stoppé le type qui s’était barré avec, avant de souffler.

”Va falloir suivre ce type. Et si possible à distance. S’il a ce genre de truc, c’est qu’il prévoit quelque chose de lourd. J’ai p’tête une idée d’où ça vient…”

Du matos trafiqué et potentiellement d’origine militaire… Il y avait de quoi se poser bien des questions sur l’usage pratique d’un tel engin. En tout cas, ce n’était pas une bombe et à défaut, c’était déjà ça. Cependant, un simple piratage pouvait briser une vie, une réputation ou une carrière. Restait à savoir qui était derrière ce gadget afin de lui poser quelques questions, interrogatoire façon Dreadnought cependant, elle avait quelques standards à respecter si elle voulait signer cette mission surprise de sa patte.

“Acheté est un grand mot… J’pense plutôt qu’on l’a volé. Y’a eu plusieurs casses à San Diego ces dernières semaines. Du matos informatique, mais pas de données ou d’armes. Les types se sont fait choppés, mais ils ont vendu toutes leurs prises. Et à part le nom d’un intermédiaire connu du milieu mais pas inculpable, ils ont rien donné comme piste.”

Il était peut-être un peu simple de lier directement ces deux affaires, mais c’était tout de même une coincidence suspecte qu’elle comptait garder en tête. En tout cas, si transaction il y avait eu, ils avaient surement dû commencer sur des petites cibles, et ce genre de délit ne manquait pas.

“A mon avis, ils ont surement dû pirater des distributeur comme ça, histoire de mettre à l’épreuve leur engin avant de viser plus haut. Par contre… Là y’a plus d’un choix.”

Mais ce n’était qu’une théorie, et elle n’avait guère le temps ni la patience de peser le pour et le contre. Si elle devait obtenir des infos, alors autant les récupérer à la source et de la part d’un criminel “gentillement persuadé”.

Quant à la question du costume… Cette dernière était légitime. Après tout, elle était en civile avec un sac de course et un bras engourdi. Ce n’était pas vraiment un état pour partir en intervention malheureusement.

“Pas le choix, si on veut coincer c’type. Il va pas attendre que j’me change.”

Et dire qu’elle faisait ça un jour de congé… Des fois, elle espérait être moins investie dans son boulot. Toutefois, les criminels n’avaient guère ce genre de considération. Le crime ne dormait pas. Mais était-ce raisonnable pour elle d’aller confronter un brouilleur ?

“J’m’en sortirais.”

Tant que ce n’était pas une IEM complète, elle pouvait y aller, même si son corps risquait un peu de partir en couille en passage. Cependant, le plus grand ennemi ne fut pas le brouilleur, mais la foule, car sitôt la densité multipliée, leur cible s’était évanouie dans la nature, et chaque seconde passée à regarder l’air hagarre dans marée humaine était une de perdue. D’autant qu’il était de petite taille…

“Tss… J’crois qu’il nous a semé.”

En tout cas, pour un court sur patte, il savait tracer. C’était consternant, dire que si elle avait activée ses neuronnes plus vite, elle aurait pu lui courir après. Toutefois c’était peine perdue maintenant.

“Fait chier !”

Et avec toutes les ondes qui squattait dans le coin… Ouais, retrouver sa trace risquait d’être pour le moins galère. Peut-être était-ce à cause de ces petites interférences qu’elle n’aimait guère la foule.

“Bon… J’imagine qu’on va devoir changer de plan. P’tête qu’en analysant la manière dont ce truc est assemblé, l’équipe technique de la police pourra mettre un nom dessus. Mais j’y crois pas trop, et surement pas dans un délai jouable avant qu’ils passent à l’acte.”

Elle serra quand même un peu les dents. Ça la faisait chier. Bien chier même.

“Du coup, soit on va voir l’intermédiaire dont j’t’ai parlé tantôt, en espérant que ce soit lui, et on lui pose deux-trois questions après deux-trois mandales, soit on reste ici en espérant que lui ou un de ses potes revienne pour tenter de retrouver ce matos. Mais j’déteste les planques…”

Elle haussa un peu des épaules, avant de tout de même regarder le brouilleur.

”Au moins on a ça, et c’est pas rien. Probable qu’on puisse en tirer quelques infos, mais faudrait l’analyser.”

Est-ce qu’elle pourrait faire passer ça en heures supplémentaires ? Ce serait le genre de question qu’un employé lambda se poserait. Mais l’héroïne n’était pas à ce genre de préoccupation. Même si le repos était important, éviter que les criminels ne fassent leur loi l’était bien plus. Puis de toute façon, qui irait lui reprocher, hum ? Peut-être que la manière de se reposer qu’elle avait, à défaut de l’hôpital où elle finissait régulièrement, était de fracturer les nez de quelques personnes qui, à tout hasard, étaient recherchés ?

Mais le criminel les avait semés, et maintenant, elles allaient devoir trouver un autre plan, que l’écossaise avait pu succinctement évoquer. Restait l’option à privilégier, celle dans laquelle elles iraient s’engouffrer, jouant leurs mains et la sécurité des habitants de la ville. Toutefois, la mention des capacités informatiques de la rousse amusa quelque peu Pratty. Elle n’assumait pas ? Vraiment ?

“T’as pas à t’stresser pour ça avec moi. Si t’as un moyen de trouver ce type, utilises-le, j’m’en fous de comment.”

Personne chez les héros n’était complètement blanc, et pour faciliter leurs méthodes, il fallait parfois accepter d’aller un peu plus en force que ce qui était préconisé. Qui avait besoin d’un mandat lorsque des vies étaient en jeu ? L’écossaise se moquait de ça, et si cela lui valait des problèmes, cela lui donnait surtout des résultats.

Toutefois, Camille pouvait également tenter d’analyser l’objet. Mais pour aller plus en détail et trouver quelque chose, cela prendrait du temps. Du temps et des données à quoi comparer. Et le problème, c’était qu’elles n’avaient aucune des deux. Donc après avoir un peu grincer des dents en entendant la durée, elle recadra.

“On a pas quelques jours. Lorsque ces types se rendront compte que leur matos a disparu dans la nature, ils passeront à l’acte de manière précipitée.”

Et si cela était de manière précipitée, le plan propre qu’ils prévoyaient pourrait devenir beaucoup plus sale, et causer beaucoup de dégâts. Autant dire qu’il était préférable de leur mettre un seul uppercut, mais qui les enverrait dans les cordes.

“Bon, on va faire ça. Laisse-moi dix minutes. J’rentre chez moi, j’range mes affaires et j’me change. J’reviens avec ma caisse, et on va voir c’t’intermédiaire. Et non, je le connais pas, mais lui va apprendre à m’connaître lorsqu’il m’aura face à lui.”

Ce faisant, elle fit craquer sa nuque. Si elle avait l’occasion d’en découdre, elle ne manquerait pas de le faire.

“Pendant ce temps et l’trajet qu’on va avoir, essaye d’obtenir des infos. Les caméras déjà, qu’on ait un nom sur le type qui nous a filé entre les doigts. Et sinon, tu peux toujours tenter d’hack les mails de l’intermédiaire. Un certain Bob Marshal, du côté de San Diego. Ça nous épargnera l’trajet et ça serait pas un mal, vu qu’on a un merdier un peu urgent sur les bras.”

Passant son sac de course par dessus son épaule, elle termina ce briefing en lui envoyant depuis son téléphone les infos qu’elle avait récupérée ces derniers jours. Sommaires certes, mais qui pourrait peut-être aider l’étudiante à faire son oeuvre.

“Tu penses pouvoir le faire ?”

Dreadnought n’était pas l’agent le plus à cheval sur les règles. Bien qu’elle s’occupait personnellement du cas de ceux qui contrevenaient à la loi, il n’empêchait que pour mettre ses menaces à execution, l’héroïne bravait plus d’une fois les interdits et fermait les yeux sur d’autres choses. Déjà que les héros étaient minoritaires face aux criminels, si en plus ils s’embourbaient dans des codes, des leçons et des procédures, cela n’en finirait jamais, quand bien même certains rabachaient qu’il fallait faire les choses proprement.

Bref, laissant sa cadette à ses petites affaires, l’écossaise remonta rapidement jusqu’à son antre, afin de poser son butin à l’endroit approprié. Toutefois, il fallait faire vite dans son esprit, et elle n’avait guère le temps de ranger méticuleusement les bières dans un endroit. Ainsi, elle tassa son sac de frais directement dans le frigo sans plus de précautions ou d’usages, pendant que de l’autre main, elle attrapait ses clefs, ses affaires et sa tenue avant de se préparer pour aller au front.

Une dizaine de minutes plus tard, dans la rue avec son SUV noir bien pratique, elle klaxona une fois lorsqu’elle fut à proximité de Camille, afin de la récupérer. Certes, de voir une jeune femme rentrer dans un véhicule aux vitres teintés avait de quoi surprendre quelques uns, mais l’endroit n’était pas le lieu le plsu chic de la Californie, et sitôt la lune haute, certains s’occupaient de leurs petites affaires sans la moindre gêne.

Et les résultats des bidouilles de l’étudiante furent suffisante pour leur permettre d’avancer. Les deux avaient une adresse, donc une destination où se rendre. Toutefois, pas d’accès direct à ses mails, ce qui aurait épargné le trajet. Il restait juste à conduire jusqu’à son foyer, mais… Cela risquait d’être long. San Diego était de l’autre côté de la Californie, et donc il fallait faire un bon tier de la côte est pour arriver jusque là-bas.

“Typiquement le genre de type qu’a des trucs à se reprocher et qu’a pas envie qu’une fouine s’invite… Ils sont pas aussi prudents sans raison.”

Donc forcément, voir des caméras partout et des barreaux aux fenêtres laissait sous-entendre qu’un gros butin se trouvait à l’intérieur, et que le défi en valait la chandelle. Il y avait toujours les paranos après, mais ici, vu le nombre de coupable… Elle en était à peu près sûre.

“Bon, j’espère que t’as des chips et de la musique et que t’as pas d’envie pressante à satisfaire, on en a pour 7 heures de route.”

Le couperet tombait alors qu’elle venait de paramétrer son GPS. Autrement dit, cela risquait d’être une longue journée… Heureusement que son véhicule avait une fonction de pilotage automatique, bien pratique sur l’autoroute, mais il restait qu’elle était trop éveillée pour réussir une sieste.

”Mais vérifie quand même ce que tu peux trouver sur lui. Ses dernières dépenses sur ses cartes de crédit et tout le reste. Et la durée de son appel en cours si tu peux. S’il est en ligne depuis six heures par exemple… Y’a moyen qu’il soit juste en train de se couvrir. Et si t’as pas moyen d’avoir ça, coupe son appel une seconde. S’il rappelle pas… Y’a moyen qu’il soit pas chez lui.”

Est-ce que la voiture de Dreadnought serait pratique pour déplacer des cadavres ? Vraisemblablement oui. Après tout, en fonction de l’humeur, Pratty ne pouvait être parfois guère plus qu’un cadavre ambulant remplit d’implants sophistiqués. Mais toujours était-il que si cela était une option utile, le fait de transporter des machabés n’avait pas été un critère de choix pour le véhicule de la demoiselle, mais dont l’idée lui fit lever succinctement les yeux au ciel.

“Raconte pas de conneries et monte.”

Toutefois, la distance vint à la refroidir. Venait-elle de réaliser seulement maintenant que le voyage ne serait pas une simple petite course ? Elle n’avait encore rien vu ceci dit, il suffisait de quelques embouteillages pour que l’écossaise ne devienne infernale. Et il fallait compter le retour… Autrement dit, la journée risquait d’être particulièrement longue. Et dire qu’il s’agissait d’une journée de repos pour Pratty… Comme quoi, le crime n’attendait pas.

Et concernant le plan… Eh bien, outre le fait que le type avait une sécurité blindée et que couper son appel allait pas être possible, l’héroïne était un peu perdue sur tout ce qui était technique. Elle n’était guère celle qui s’occupait de toute la logistique de son équipement, donc d’entendre ça en peinant à visualiser… Elle se contenta de garder le silence, essayant de chercher d’autres idées. D’ordinaire, c’était Kat qui s’occupait de cette partie là, mais malheureusement elle n’était pas dispo.

Toutefois, tout n’était pas perdu, et elle plutôt que de se retrouver à l’amende, Camille proposa d’utiliser l’engin qu’elles avaient récupérer. Et autant l’idée était de base remplie de bonnes intentions, autant il y avait d’autres problèmes.

”La portée de c’truc est pas infini, et j’doute qu’on appréciera de s’faire griller la moitié du corps toi et moi.”

Ce n’était pas sans risque, surtout s’il était efficace sur tout type d’engin électronique. Ses implants n’avaient rien à voir avec des téléphones et pourtant la proximité de ce truc lui avait été déplaisante. Après, s’il était branché à une alimentation plus puissantes, les effets pourraient être augmentés, et donc potentiellement bien plus dévastateur.

”Toutefois, on a rien sans rien… J’doute qu’on ait accès à l’antenne du coin, et j’me sens pas trop de jouer les funambules à plusieurs dizaines de mètres du sol. Vendu. Y’a un parking à étage pas très loin d’ici. On devrait pouvoir s’mettre en haut sans problème, mais ils doivent savoir de quoi est capable c’te merde. Autrement dit, au moindre truc suspect, il seront paranos.”

Elle souffla assez fortement du nez, avant de regarder sa cadette pour lui balancer :

”Et quant au fait que c’est pas forcément légal… Faut parfois choisir entre le bien et le juste. Et on a pas l’occasion de tout l’temps faire les deux. J’couvrirais pour toi, mais évite de trop en faire. Ça ferait tâche dans ton dossier scolaire alors que l’mien doit en être à son troisième volume.”