Et voilà qu’Elena te pose l’une de ses questions habituelles, elle se comporte comme la mère du groupe et, après, elle se demande pourquoi tout le monde l'appelle “Grande Soeur”... Après, son ton inquisiteur ne te laisse pas le choix que de répondre d’un air résigné. D’un autre côté, si tu lui annonce ta nuit de la veille, ses trois heures de sommeil qui en font la nuit la plus longue du mois que tu aies eue, à tous les coups elle va te retirer la tasse et ça… C’est juste impensable.

— Ouais ouais… Je dors…

Ta délivrance sous les yeux, tu es prête à oublier l’inconnue avant que Grande Soeur ne te parle. Une tension, à ces paroles, se loge dans tes épaules. Certes, Elena vient de t’annoncer qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter et que l’autre était du “Métier”, mais il y a un second niveau de lecture, pour toi, à cette annonce.

L’inconnue est du métier, ce qui signifie qu’il ne faut pas que tu humilie la fratrie par ton comportement. Tu sens tes mandibules remuer contre l'intérieur de tes joues par agacement. Comment Elena OSE-T-ELLE te dire ça juste après t’avoir mis la boisson divine sous les yeux !? Elle t’en veux, c’est obligé, elle a quelque chose à te reprocher. Tu as beau réfléchir, tu ne vois pas. Toujours est-il que tu ne touches pas ta boisson pendant que la barmaid entame la discussion. Heureusement d’ailleurs, vu qu’elle mentionne la Fratrie. Quiconque avec deux sous de jugeote peut comprendre l’affiliation d’Iki désormais, après l'échange que les deux orphelines viennent d’avoir.

Incapable de savoir si tu es visible par la vision périphérique de cette miss “Lawson”, ce nom te dit vaguement quelque chose il faudrait que tu y réfléchisse un peu, tu roules des yeux à son annonce. Bien évidemment que les choses vont bien, quand on cherche du boulot, pour ceux auprès de qui on cherche.

Ensuite, la voilà qui explique sa volonté d’être non-violente, ce qui la fait remonter un peu, mais juste un peu, dans ton estime. Au moins, il ne s’agit pas d’une meurtrière sanguinaire, mais elle ne se voile pas la face. La mention de ce “quelque chose de dangereux en elle” pourrait être un clin d'œil envers son alter et, comment dire, ce genre d’alter qui se révèlent en combat ne sont pas du genre très propre, si tu vois ce que je veux dire.

Tu te racles cependant rapidement la gorge à la mention de ses diverses activités. L’une d’entre elles, en particulier, t’interpelles grandement et pas dans le bon sens du terme, c’est un terme, une activité presque invisible tant qu’on n’y prêtes pas attention, dans leur milieu, mais…

— Quel type de recel exactement ?

Ta voix a perdu toute fatigue, ton regard se fait immédiatement intense alors que ta respiration se calme et que tes battements de cœur augmentent sensiblement. Le recel n’est rien, en soit, tant qu’il n’est pas mentionné par une certaine catégorie de personnes. Après tout, ce n’est que la conservation et la revente d’objets, de choses, ayant été volées. Rien de choquant dans ce milieu, n’est-ce pas ? Mais, qu’en est-il de cette catégorie de personne, ce groupe que tu exècre de toute ton âme ? Ces personnes pour qui un être humain, quel que soit son âge, n’est rien de plus qu’un “objet” ? Ceux-là ne peuvent-ils pas, selon leur propre vision des chose, utiliser le terme “recel” pour une toute autre activité ?