C’est en début de soirée qu’arrivèrent les premiers cartons. Conduit par un homme bourru qui avait visiblement envie de tout, sauf d'être là, un petit camion se gara devant les appartements étudiants de la JU.
De la, en descendit une jeune femme qui s’étira avec enthousiasme, suivie du chauffeur du véhicule. Loin d’être motivé à aider, le large bonhomme rondelet préférait encore ça que de laisser sa passagère traîner à l’arrière de son camion.
Sans grand soins, il descendit dans l’entrée de l’immeuble quelques cartons, assez lourd et bouré de pièce métallique, aider par camille, ainsi que d’une sorte de petit droïde rondelet a l’allure de mini baymax en armure, monté sur deux petites chenilles, et qui portrait des cartons au dessus de sa tête.
Une fois les cartons descendus du camion, , l’homme acquiesça à l’adresse de Camille, leva sa casquette du pousse, lâcha un “m’dame”, et s’en alla sans demander son reste.

“Bon. Bah il reste plus qu’toi et moi, hein Dav2?”

“Hypothèse : La plupart des élèves doivent être en salle de détente.”
Répond la voix masculine à l'accent british de l’IA, cette fois dans un haut parleur de bien meilleure qualité, situé dans le petit droïde au pied de la mécanicienne.
Du coin de l'œil, le panneau “en panne” devant l'ascenseur crispe son sourire un instant, mais elle ne fait pas de commentaire. De son bras métallique, elle soulève deux carton qu’elle équilibre avec son bras normal, et monte les

“Allez ! let’s go !”

et la voilà qui monte les marches, portant deux lourdes caisses dans ses bras. Son dortoir est meublé, mais ça ne l'empêcha pas d’avoir pris bien trop d'affaires. Au contraire même.
Ces deux cartons seuls avaient un contenu suffisant pour transporter tout ce dont elle aurait besoin dans le petit appartement… Et il y en avait encore cinq en bas.

Elle parvint, non sans mal, à grimper les escaliers jusqu'à son étage, mais en parvenant devant son appartement, le 313, elle s'aperçut qui lui manquait ses clefs, situées dans sa poche arrière.

Après avoir poussé un soupir agacé, dans une posture instable, soutenant ses cartons avec le genoux, et les gardant en équilibre contre le mur, elle parvint à sortir sa clef de sa poche.
“Ar ! parfait.Plus qu’a… No nONONONN-
Dans un vacarme assourdissant, les cartons s’écroulèrent sur le sol, entraînant avec eux la jeune fille qui avait tenté de les retenir. Cette dernière était maintenant étalée au milieu d’un fatras de pièces de métal, les lombaires inconfortablement appuyée sur une d’entre elles.

Est-ce que tout va bien ? Rien de cassé ??

Camille resta immobile quelques secondes, sans répondre. Le temps de… Réfléchir un peu. De fulminer en silence. De pester joyeusement contre tout, sauf elle-même qui avait pensé que poser les cartons avant d’ouvrir la porte etait une perte de temps. Elle en restait intimement convaincus dooonc… Ce devait être autre chose. Un coupable. Le sol? Non. Le carrelage froid était parfait pour lui briser le dos, mais pas pour la faire chuter. Le vent? on était à l' intérieur. Ce gamin qui était venus lui parler? Non, il était juste inquiet… Alors ça devait être…

“... La gravité..”
Elle avait prononcé gravement ces mots, comme si le nom d’un vieil ennemi s’était rappelé à son bon souvenir…
La main du jeune homme se tendit vers elle, la sortant de ses pensées. Elle l’attrapa volontiers et se redressa en grognant.
“gn.. Merci. ça vas. j’suis juste un peu vexée.”

Camille était plutôt lourde. Plus qu’elle en avait l’air, mais pas assez pour complètement déséquilibrer le jeune homme.. Probablement.
Une fois debout, elle s’appuya mollement contre un mur en marmonnant, plus pour elle même qu’autre chose.
“t’in.. Me suis éclater le dos avec ces conneries..”
Après s’être assurer qu’elle allais a peu près bien, le jeune homme commença a ramasser quelques-unes des bricolles de Camille, qui secoua la tête, et se baissa pour l’aider.

“Merci, deso. j’ai un peu galerer a monter jusque la..”

Tout deux remplirent de nouveau le cartons avec les cables et la ferraille, sans dire un mot. Finalement, les lourds contenant étaient pleins à nouveau, et Camille fis un rapide tri de ce qui s’y trouvait, changeant quelques objet de cartons sans raisons logique apparent, marmonnant doucement pour elle-même.

Oh pardon, j’en oublie de me présenter. Je m’appelle Gabriel et lui Andreas. On occupe l’appartement d’à côté.

Elle leva les yeux vers Gabriel, ayant déjà presque oublié qu’il était là ! Son esprit vagabondait au hasard d’une idée à l'autre, et elle pris une autre seconde pour émerger de ses rêveries.

“Hein? … OH ! OH ! ouais ! Merci encore. Gabriel et Andreas hein? uehh…”

Elle observa à droite, à gauche, puis se pencha sur le côté pour regarder derrière le jeune garçon. Personne d’autre?
Finalement, elle prit un instant de l’observer sous toutes ses coutures. Une petite bouille rondelette, des joues roses, un regard bienveillant et un sourire serviable...

“Mh. Pas mal le voisin.”
Elle avait marmonné ça à voix haute, peut-être un peu trop fort. Derrière elle, le petit robot avança au niveau du duos.

“Camille. Tu penses à voix haute.”

Courte pause.

“... C’est ta mère qui pense à voix haute.”
répondit-elle, en manque d’argument plus percutant.

“Negatif. Je suis une intelligence artificielle. Je n’ai pas de génitrice à proprement parler .”

Un frisson parcourut Camille, suivis d’un long soupir de sa pars.
“Bon. bah.. Gabriel donc. Ravie de te rencontrer. Camille ! et ouaip, on est voisin on dirait ! Par contre… T’a parler d’Andréas.. C'est un nuage? C'est ton alter ? Il peut parler? “

Elle marqua une pause.

“L'bras ressemble au tiens... C’est ton bras c’est ça? T'as appelé ton bras andreas? Dude je sais que des mecs donnent des noms à leurs mains mais faut pas prendre exemple t’sais?”

Après coup, elle secoua de nouveau la tête.

“Ah ! et lui c’est Dav2. C’est une IA que j’ai construite. y m’aide pour le déménagement la. Fin il fait de son mieux.

“C’est un plaisir de vous rencontrer. N’hésitez pas à me voir si Camille vous cause le moindre problème.”

“Hey, qu’es ce que ça veut dire ça?”

s"exclama t-elle tout en dévérouillant la porte de son dortoir.

Les réactions du jeune garçon suite à la remarque de Camille est assez équivoque : il n’a visiblement pas l’habitude de recevoir ce genre de remarque. Camille s'interrompt une seconde dans sa récolte pour le dévisager un instant, lui qui continue de récupérer des câbles et de la ferraille en tournant le dos tant bien que mal pour cacher ses joues rosissantes et son embarras évident, avant de soudainement s'interrompre pour la dévisager à son tours.
Camille place sont poings devant sa bouche tâchant de retenir un rire, mais celui-ci lui échappe, et elle s'esclaffe joyeusement, d’une façon un peu bruyante, sans complexe.

“Hahaha, te fais pas d’bile copain, ça vas finir par faire romance de mauvais anime si on continue comme ça !”

Elle conclut en donnant un petit coup de poing sur l’épaule de Gabriel, avant de reprendre son rangement, le sourire aux lèvres, pour se présenter et faire connaissance.

De nouveau, le jeune garçon prend un petit instant pour répondre, vaguement agacé. C’est un peu curieux, mais l’explication qui s’en suit explique certaines choses.
il doit s’en passer des choses dans sa tête !... Probablement.

Eh bien pas exactement.  Andreas c’est un peu mon intelligence artificielle à moi, à la différence près qu’il n’a rien d’intelligent, j’en ai bien peur.

Camille pouffe à nouveau de rire sur ces quelques mots. Elle est ignorante des dialogues internes de Gabriel, mais le petit rictus provocateur du garçon laisse à penser qu’ils ne sont pas que tous les deux -trois avec DAV- a écouter la discussion.
Soupçons confirmés peut après puisque le blondinet explique rapidement le fonctionnement de cette partie de son alter, ce à quoi Camille acquiesce, ricanant à la nouvelle pique de Gabriel envers son .. Nuage? Ami? Bref. Son truc.

“Ohhh ! c'est super cool ! donc c’est un genre de trouble de la personnalité en fait… Mais en superpouvoir !” Elle affiche un sourire provocateur en plaçant dans la boîte le dernier câble, et sort ses clés pour ouvrir la porte de sa chambre.

“Hehe, c’est noté. J’ui dirais bonjours quand j’te verrais dire des trucs idiot alors ! Enchantée Andreas, du coup ! hâte de papoter avec toi aussi !” Elle fait  joyeusement coucou au nuage
Elle marque une pause.

“J’suppose qu’il t’entend, mais il m’entend aussi hein? Ou j’ai l’air d’une conne? Merde elle est ou cette clef..”

“Je suppose que si monsieur Andreas est un garçon puéril, il s’entendra bien avec Camille. Vos futures interactions seront soigneusement étudiées.”

“HEY !” s’exclame Camille. “Pourquoi il faut que t’ai de l’humour que quand il s’agit d’te foutre de moi?”

“Raison : Inconnue. Hypothèse :.. Skill issue.”

Camille observe son bras d’un air désabusé pendant un instant, complètement sonnée par ce qu’elle vient d’entendre. Elle secoue la tête, et retourne à la recherche de la bonne clef.

“Franchement DAV2. j’crois que j’ai une mauvaise influence sur toi..”

Suite au compliment de Gabriel, un nouveau sourire, bien plus innocent, grandit sur les lèvres de l’étudiante. Elle sautille sur place et commence à parler avec un enthousiasme puissant, et communicatif.

“T’a vus ça? Il est impressionnant hein ! c’est ma plus grande fierté et mon bébé ! J’le bidouille depuis que j’ai 12 ans ! mon alter c’est que j’suis forte a certain truc qui impliquent le cerveau, et il s’est orienter vers l’info et la mécanique super vite ! et j’ai pus bidouiller Dav avec des pièces d’engin militaire quand j’en trouvais près d’chez moi ! Il est pas trop COOL? “
Elle pointe son bras métallique presque sous le nez de Gabriel, avec un grand sourire.

“Et ça aussi c’est d’moi ! j’lai bidouillé aussi ! y’a une connexion avec DAV2 qui permet une gestion de système super précise, et c’est bouré de gadget ! seringues de médoc, fumigène, 120 kilo de pression pour ce modèle, et attend attend !”

Un petit “BOOM” retentit soudain, lançant le poing de Camille vers l’avant, jusqu’au bout du couloir, avant qu’elle ne le retire vers elle à l'aide d’un câble qui relie la main a son bras.

“J’AI MÊME UN FULGUROPOING ! Et Dav m’a aidé dans tout le processus ! j'suis tellement fière de c’truc ! Si t'as un problème avec tes machines ou que t'as besoin de gadget, hésite pas a m’demander hein ! j’adore bricoler ! c’est ma passion ! ma raison de vivre ! j’sais pas c’que j’aurais fait sans ! en plus je-”

"Camille."

Camille s'intéromp soudainement dans sa phrase, et son sourire devient plus discret. Elle se racle la gorge.

"Euh.. Deso. J'ai.. Tendance a m'emporter. J'suis désolée, fait pas attention. Merci pour ça."

Comme si de rien était, elle se retourne vers la porte. Elle trouve finalement la bonne clef, et ouvre la porte pour dévoiler un petit appartement, deux pièces, plutôt étroit. Sur la droite de la porte se trouve une petite salle de bain, et devant, un salon/cuisine, et un petit escalier mène a une mezzanine, juste au-dessus de la salle de bain, sur laquelle se trouve un lit. L’endroit est assez grand pour une résidence étudiante en réalité, mais elle l’observe tout de même incrédule un instant.

“Wow c’est… Plus petit que chez moi.”

“y a t-il assez de place pour y mettre tes affaires?”

“Huu.. Ouais.. p’tet.. Faudrait déja tout monter..”

Oh il t’entend ne t’en fait pas, en fait il voit et entend à travers moi alors... tout ce que je vis il le vit aussi. Pour le meilleur comme pour le pire !

Camille grimace a ces mots. La perspective de vivre constamment avec quelqu’un dans la tête ne lui plais vraiment pas…Bien que ce soit a peu de chose près son quotidien.

“Uhhg. l’horreur que ça doit être ! fin pas contre l’un d’entre vous hein, mais bon sang… Moi j’pourrais pas. Imagine que t’a envie d’être seul ! ou que t’a besoin d’intimité ! Vous vous entendez bien au moins?”

Elle lâche ces quelques mot sans prudence, visiblement peut inquiète -ou consciente- de son manque de tact. Manque de tact que vient lui rappeler la voix à l'accent Anglais de DAV2.
“Vous n’êtes pas obligé de répondre a toute ses questions, elle en oubliera la moitié dans les minutes qui suivent.”

“Hey !”

Elle pose lourdement le premier carton sur son lit, et marmonne dans sa barbe tandis qu’elle s’avance pour ouvrir les rideaux. Le bâtiment, posé au sein de l’académie, offre une vue sur le campus, presque vide pour l’instant.

Hahaha dans le mile DAV-2 ! Enfin... je ne dis pas ça pour toi, je parlais d’Andreas bien sûr je... je ne me permettrais pas…

Camille ricane quelque peu et en retournant près de la porte d’entrée, tapote au passage l’épaule de son jeune compagnon.

“T’en fait pas beau gosse, DAV est vache mais il a pas tord, j’suis pas forcement le pingouin qui glisse le plus loins. Je fait juste de mon mieux dans les trucs que j’sais faire tu vois?”

s'ensuit le fameux discours obsessionnel de Camille. Ou du moins, une partie de ce dernier. L'effort qu’elle fait au quotidien pour laisser de côté les détails techniques lorsqu’elle parle de ses dialogues est frustrant, mais commence à montrer ses fruits. Bien qu’au final, ce soit plus la manière que le résultat qui importe a la rouquine, elle apprend a se contenter de cela, pour le bien de sa vie sociale.
Gabriel de son côté ne semble pas dérangé par ça, plutôt bonne chose d’ailleurs, et surenchéris même, témoignant de l'intérêt. Le fulguropoing a tappé dans le mille -camille n’en avait pas douté une seconde-, et cette dernière hausse les épaules avec un sourire.


C’pas si difficile à faire, si tu perd un bras j'pourrais t’en donner un !... Enfin, pas que j’veux que tu perde un bras hein? ça se trouve tu voudra juste.. Uhh.. Le couper pour améliorer ton corps… J’suis en train de penser à remplacer… ”

Elle s‘interrompt. Un peu loin. Peut-être que trop s’avancer sur ses tendance à vouloir se retirer des membres n’est pas une bonne idée lors d’une première rencontre. Gabriel n’a pas l’air très enthousiaste à l'idée de perdre un bras, sans grande surprise, mais enchaîne avec ses intérêts à lui, dévoilant même quelques qualités que Camille semble entendre comme si on lui annonçait un départ à Disneyland. Le jeune homme est une tête, apparemment férue de chimie !
Les yeux de Camille s'illuminent d’autant plus à la mention d’une collaboration.

“Hooooo ! UN CHIMISTE ! Trop bien ! je pêche avec ce genre de trucs !”

D’un geste vif, elle attrape une main de Gabriel pour la serrer entre les sienne, et se met à sautiller sur place comme une gamine, sa jambe de fer grinçant légèrement à chaque bond !”

“ça tombe trop bien ! En plus j’était sur un projet ! j’faisait un lance bombe pour un projet perso, le lanceur c’est rien de ouf genre patator tu vois? Sauf que pour la colle c’est plus compliqué. En gros c’est une colle faite à partir de matériaux organiques inflammables, de bactéries qui agissent dans les processus de fermentation du fumier, et d’un liquide super oxygéné. L’but c’est que ça prenne feu, genre combustion spontané ! sauf que ça a tendance à flamber trop facilement, dès que la colle est lancée, dix/vingts secondes et ça flambe. Le but c’est que les bombes se détachent d’elles même si quelqu’un est touché par erreur, mais du coup non seulement l’feu est trop violent, en plus le temps avant lequel ça flambe est trop court… On pourra p’tet bosser la dessus, perso la chimie j’connais des bases, mais j’ai des lacunes… J’te montrerais si tu veux ! j’ai une des centrifugeuse !”

Tous deux continuent leurs conversations alors que Camille descend l'escalier, Gabriel suivant derrière elle à petit pas.

Ce sont les cartons qui sont posés à l’entrée en bas ? Tu… veux bien de mon aide ? Avec cet ascenseur en panne… A deux ça ira quand même plus vite et tu pourras t’installer rapidement.

Camille s'interrompt un instant, relève la tête vers lui pour l’examiner une seconde, semblant s’attendre à une chute.. Qui ne vient pas. Il lui propose juste son aide. Elle renifle, fait mine d’éssuyer une larme.
“T'est un petit ange, gabriel… Wow. Ange gabriel ! ça tombe bien !”
Puis éclate d’un rire bruyant, sans complexe, et reprend sa descente.

“bref !vec plaisir ! on sera pas trop de deux !”

Une sorte de grésillement se fait entendre de son bras, et elle bondis de surprise comme si elle venait de subir une décharge.

“AIE ! Oui, oui DAV2. Pas trop de trois… “
Elle s'arrête.
“J’imagine que ça fait quatre en tout avec Andreas? mh. C'est la première fois qu’autant de gens m’aident pour faire un truc! Merci en tout cas !”

Tous deux arrivent en bas, et elle tape du pied un large carton.

“y’a mes fringues la dedans. Et des bouquins. Et un peu de merdier… Et j’suis presque sûre qu’il y a des photos d’famille. Tu prend d’vant j’prend derrière?”