Une curieuse foule animait actuellement les coursives de la prison fédérale d’Alcatraz, foyer de toutes les raclures et autres vermines qui aviaent fini derrière les barreaux. Enfin, pas toutes. Il y avait des prisons plus secrètes, plus modernes et nettement plus pour enfermer les cas les plus extrêmes. Toutefois, l’historique prison de San Francisco avait connu bien des travaux pour la rendre viable, et celle qui fut autrefois un musée avait reprit à nouveau du service.

Mais les spectateurs du jours n’étaient pas des touristes. Les locaux, prisonniers et détenus fonçaient à toute hâte vers la cantine. L’heure du repas avait pourtant été passée depuis deux bonnes heures, mais quelque chose d’unique allait avoir lieu. Un fait si rare et si satisfaisant que l’occasion était trop belle pour ne pas la manquer.

La marée humaine avait ainsi fait place à l’ordre et quelques bagarres avaient un peu éclaboussés l’endroit. De petites hein, même les différents gangs semblaient être presque apaisés à la vue du spectacle qui leur était offert. Et pour cause, l’une de leur ennemie était dans une position délicate.

Dreadnought. Certains la connaissait un peu trop personnellement, la violente héroïne avait fini par frapper la mauvaise personne et avait été envoyée directement en enfer, à la merci des nombreux criminels. La sanction était tombée sitôt qu’elle était entrée dans le tribunal, probablement afin d’éviter divers scandales, mais son arrivée dans la fosse aux lions avait fait grand bruit ici, et d’avoir sous la main l’origine de bien des bosses donnait à certains des idées meurtrières.

Elle n’était pas inconsciente au point de se dire que ce séjour en prison aurait été une thalasso. Son avocat, qui n’avait guère eu le temps de s’exprimer, lui avait juré qu’il allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour la faire sortir d’ici, afin qu’elle soit dans un endroit plus sûr, car tout le monde savait que de foutre une héroïne comme elle au mitard était l’équivalent d’une condamnation à mort. Son objectif était de gagner du temps, juste ce qu’il fallait, mais… Cela n’avait pas réussi. Voilà pourquoi elle se trouvait au deuxième étage de la cantine avait une vue imprenable sur l’ensemble des criminels.

Et avec également une corde autour du cou.

”J’vais tous vous tuer…”

Nerveusement, l’écossaise en costume orange ravala sa salive. La situation ne lui était guère propice hein, sitôt qu’elle était entrée, plusieurs types s’étaient jetés sur elle pour la maitriser. Oh elle en avait assomé plusieurs, mais cela n’avait pas suffit. Les gardes qui l’avait escortés n’avaient de plus rien fait pour empêcher cela. Peur du danger ou réelle complicité ? Il était un peu tard pour essayer de découvrir ça, car ses bourreaux, juste derrière elle, s’étaient chargés de lier ses mains et ses pieds. Il profitait d’une dernière exhibition avait de passer à l’acte.

Et pendant que l’un causait, se pavanant d’avoir réussi à la foutre dans une position aussi complexe, il annonçait par quelques grands gestes que ce ne serait que le début, et qu’un jour, ils submergeraient la ville de San Francisco, qu’ils bruleraient la J.U. et executeraient tous les élèves… Mais que ce n’était qu’une étape.

“Putain mais ferme ta gueule ! J’te retrouverai, et j’te tuerai !”

Sur le point d’être tuée, oui. Soumise, ça jamais. Elle continuerait à se battre, quitte à mordre s’il le fallait ! Et elle allait une dernière fois crier de ses pleins poumons

”VOUS M’ENTENDEZ SALES ENFOIRES ?! J’VAIS TOUS VOUS BUTER ! VOUS M’SURVIVREZ PAS ! J’VOUS ENTERRERAIS TOUS ! J’VOUS-”

Sa phrase ne se termina jamais, car l’homme derrière lui l’avait poussée. Sa chute, trop courte, ne fut pas accompagnée des derniers instants ou de la lumière au bout du tunnel. Juste une fin, aussi brutale qu’avait pu être sa vie. Et celle-ci fut acclamée par une foule en liesse, voyant là leur plus belle victoire depuis un sacré moment…

Mais en était-ce vraiment une ?

*Deux jours plus tôt*

”C’est quoi le plan ?”
”Tu rentres dans la prison, tu tapes les méchants et tu t’en va.”
”C’est pas un plan ça.”
”Genre tu fais différemment habituellement ?”
”Habituellement j’vais pas dans une prison où y’a mille fois plus de taulards que moi !”

Une mission particulière était tombée aujourd’hui dans la boîte mail de l’héroïne écossaise. Il lui arrivait, par moment, d’être spécifiquement contactée pour effectuer une mission particulière, du genre qui nécessitait une sacrée dose de culot et un soupçon de violence. Avoir des héros iconiques, des modèles de société avait ses avantages, mais cela enlevait un peu en polyvalence, certains jouant même les difficiles sur les boulots qu’ils acceptaient. Mais Dreadnought n’était pas de ce genre là, jouant des phalanges dès lors qu’elle en avait l’occasion.

Toutefois, ce qu’on lui demandait aujourd’hui était d’un autre niveau. Il s’agissait d’entrer dans la prison d’Alcatraz et de réussir à obtenir les noms des leaders locaux. Ce n’était pas nouveau que les gangs infestaient les prisons fédérales, et bien souvent, les rivalités qu’ils avaient entre eux suffisaient à ce qu’ils s’auto gère, en plus de régler le problème de surpopulation des cachots de Californie. Ce n’était peut-être pas très éthique, mais c’était la manière Américaine de gérer la chose. De toute façon, une fois embrigadés, ces types étaient presque toujours irrécupérables, nourrissant la violence à feu vif.

Sauf que là, il s’agissait de couper la tête du serpent. Les gangs d’Alcatraz commençaient à avoir un peu trop de pouvoir et d’influence, et un dernier rapport témoignait même du fait que certains possédaient des armes de guerres capable de tenir un siège. Donc afin d’éviter l’insurrection des prisonniers et que l’île ne devienne un feu d’artifice dans la baie de San Francisco, il avait été décidé d’envoyer quelqu’un sur place afin d’obtenir des informations, mater les têtes des gangs et, dans la mesure du possible, en ressortir vivant. Une mission un peu sale certes, mais qui nécessitait d’être sous couverture. Il fallait réussir à se mettre dans la peau d’un prisonnier, nouer des liens et obtenir des informations. C’était dangereux certes, mais les fédéraux ne pouvaient pas se permettre d’envoyer quelqu’un de trop connu, au risque qu’il soit immédiatement découvert, et c’était donc pour ça qu’ils s’étaient tournés vers Dreadnought, afin de lui demander de se jeter dans la gueule du loup.

”C’que je sais, c’est que cette mission pu la merde.”
”Tu trouves ?”
”J’agis à visage découvert. Ils sont pas forcément fûte-fûte là-bas, mais y’aura forcément un type qu’associera ma gueule à Dreadnought. Et ils me fouteront en l’air sitôt que ça sera fait.”
”Quelle idée en même temps de combattre le crime sans rien sur ta tête.”
”Putain, j’t’ais déjà expliqué pourquoi. J’peux pas terrifier les criminels si j’me cache derrière un masque ! Ça monterait juste que j’aurais peur des conséquences.”
”Ouais, bah admet que ça aurait été pratique là !”
”Ta gueule.”

Une intense réfléxion était en train de se faire, même si les deux femmes donnaient l’impression de procrastiner. Kat était simplement en train de tourner sur sa chaise pendant que Pratty, une bière à la main, levait les yeux au plafond après être passée durant des heures sur les plans de la prison. Quelques bouteilles vides témoignaient de l’effort, même si les résultats étaient maigres pour le moment.

”J’te l’dis, y’a pas moyen d’y aller sous couverture. Pas pour moi.”
”On refuse la mission du coup ?”
”Pas encore. Faut bien que quelqu’un la fasse.”
”Ouais faut y’a quelqu’un qui peut la faire sans s’faire égorgée devant tout le monde !”
”Tss… Fin t’façon, s’ils veulent me buter, ils prendront leur temps.”
”Ah ?”
”Ouais. Ils voudront profiter du spectacle… J’pense pas qu’ils se limiteront à me foutre une balle dans la tête ou à me planter. Ils voudront faire un truc plus spectaculaire, limite un peu plus macabre. Comme s’ils m’executaient comme une condamnée à mort.”

Kat affiche une tête un peu surprise et écoeurée face à ça. Les criminels d’Alcatraz n’avaient vraiment rien de mieux à faire ? Enfin, elle n’était pas à leur place, et c’était Pratty qui allait face à eux. Mais elle n’avait guère envie de perdre sa meilleure amie au passage.

”Et si j’dois développer… Ils utiliseront pas l’injection létale. Pas assez spectaculaire, et ils prendront pas le risque de me faire passer à la chaise électrique vu mon alter.
”Je doute qu’ils aient une guillotine à portée de bras.”
”Donc ils me pendront. Super. Ça nous avance pas.
”Hum…”
”Quoi ? T’as une idée derrière la tête ?”

Pendant que Pratty levait un sourcil, Kat affiche un grand sourire, comme si elle était sur le point de lacher une bombe de détruire la carrière d’un criminel en une fois.

”Ouais. Donnons leurs ce qu’ils veulent.”
”Hein ?”
”Ils veulent te voir morte ? Eh bien donnons leur ce spectacle !”
”Ouais, bien ce que j’avais compris. Et la preuve que quand y’a trop de neurone là-haut, ça dysjoncte…”
”Pas si tu fais semblant d’être morte.”
”Et tu veux que j’fasse semblant comment hein ? Ils vont pas pendre un mannequin !
”T’inquiètes, j’ai une idée…”
”Tu sais que quand tu dis ça, y’a une chance sur deux pour que ça foire.”
”J’suis sûre que ça va marcher !”
”Putain… Bon, balances.”

Prison d’Alcatraz

Le corps inanimé de l’héroïne se balançait au bout d’une corde. Un trophée, présenté comme un phénomène, un animal de foire, qui avait dû subir de longues heures durant les railleries. Et puis, au bout du compte, les criminels de la prison étaient tous partis, l’un après l’autre. Elle s’était reçue quelques projectiles, des pierres et des chaussures, la Pinata qu’elle était devenue n’avait pas été descendue. Après tout, il s’était murmuré que certains voulaient voir son cadavre avant tous les autres, d’avoir le luxe d’être face à elle.

”Putain, pourquoi faut que ça tombe sur nous ?”
”Tu déconnes j’espère ? On a la chance de pouvoir donner un coup de main au boss !”
”Ouais mais… C’est glauque quand même !”
”De lui ramener un cadavre ? Sérieux ? C’est ça qui t’fous les jetons ?”
”Et tu penses qu’il va lui faire quoi à c’cadavre ?!”
”Chais pas. Surement en profiter tant qu’elle est pas encore trop froide.”
”Voilà ! Les nécrophiles ça m’fout les j’tons.”
”Tu les préfères mineures t’façon. T’as pas de leçons à donner. Puis j’suis sûr que le boss serait ravi d’entendre ça.”
”Nan, fait pas ta pute !”
”Donc ferme ta gueule et descend là !”

Les deux hommes s’executèrent, la retenant pour éviter qu’elle ne s’écrase lourdement au sol. Elle était morte certes, mais si certains prévoyaient de noir desseins avec, alors autant qu’elle soit le moins endomagée possible.

”Merde, tu sais défaire ce genre de noeud ?”
”Euh nan.”
”Putain, tu sers vraiment à rien !”
”On a qu’à couper la corde, regarde !”
”Pas à la gorge ducon ! T’as pas envie de l’abimer ! Coupe là, au moins il aura le noeud entier.”

La discussion était sensiblement glauque tout de même. Elle avait été retirée de l’exposition dans laquelle elle se trouvait, avant que les deux types ne commencent à essayer de la soulever.

”Merde ! J’pensais pas qu’elle était aussi lourde !”
”Elle cache bien son jeu…”
”C’est ses implants ducon.”
”Ses loches ?”
”Nan ! Elle a des trucs dans l’corps. T’as pas entendu parler d’elle ?”
”Pas trop.”
”C’te meuf c’était une malade. On raconte qu’elle aurait arraché les couilles d’un type juste comme ça ! Au moins on sera débarrasser d’elle maintenant.”

Pratty n’avait toutefois jamais fait ça, en dépit du grand nombre de fois où elle avait pu menacer de le faire. Disons qu’en combat, s’il lui arrivait de mettre des coups de pieds à l’entrejambe, elle n’avait guère la patience et l’envie de retirer le futal d’un type pour lui arracher les valseuses. Toutefois, elle fut ultimement placée dans un caddie de supermarché, avant que les deux types ne commencent à la trimballer à travers la prison.

Le voyage n’avait rien de bien agréable. Mais quel était le confort pour un cadavre ? Pas grand chose, du moins, personne ne s’en était jamais plaint. C’était donc dans une position grotesque que le cadavre de l’héroïne fut trimballé, déplace à gauche et à droite à travers les allées de la prison. Certains détenus applaudissaient au passage, heureux que Dreadnought ait été coulée. Certains en profitaient pour se moquer par ailleurs, et dans l’ensemble, cela avait créé une certaine euphorie dans le pénitencier. Toutefois, le voyage fut interrompu par une grille, délimitant l’accès aux prisonniers.

“Hey ! Ouvrez, on est avec le boss !”
“On lui apporte le cadavre de Dreadnought.

D’ordinaire, ce genre de chose ne devait pas fonctionner. Toutefois, après quelques secondes, la porte vint à s’ouvrir pendant que les gardes faisait mine de ne rien voir. Complices dans le crime malgré les différences d’uniformes ? Décidément, tout cet endroit était à cramer. Mais la fin du voyage arrivait à grand pas, et après un ascenseur, le caddie s’arrêta dans une pièce un peu trop élégante pour son bien. Un bureau administratif où le sol de béton avait été recouvert de moquette.

”Voilà, comme vous l’avez demandé !”
”Parfait… Vous pouvez disposer maintenant. Je dois… M’occuper de son cas.”

Les deux sous-fifres hochèrent la tête avant de se tirer, tandis qu’un étrange silence retomba. Le directeur, ou plutôt le détenu qui s’était installer à son bureau, comptait bien profiter de la vue, et rapidement, il s’occupa de déboutonner les habits du corps de l’héroïne.

”Oh oui… Je vais bien m’occuper de toi ma chère… On va bien s’amuser toi et moi ! Enfin, surtout moi !”

Il y eu le bruit révélateur d’une braguette, alors que l’homme monta sur le bureau. La suite, sordide, n’aurait été que la cerise sur le gateau du vice qu’était devenu cette foutue prison. Toutefois, les choses ne se passèrent pas comme prévu. En un instant, Dreadnought rouvrit ses yeux repoussa de toutes ses forces l’homme, qui fut projeté sur plusieurs metres avant de retomber lourdement sur le sol, sonné, confus, mais surtout extrêmement surpris de voir Pratty se relever.

”C’est bon, j’ai assez subit vos conneries !”

Trois hommes, par le bruit alertés, rentrèrent immédiatement. Il s’agissait de véritables armoires à glaces, armés pour deux d’entre eux de matraques tandis que le troisième avait un fusil d’assaut. Et s’ils étaient de fidèles lieutenants du boss à n’en point douter, voir celle qu’ils avaient pendu quelques heures plus tôt était debout, le noeud coulant toujours autour du cou… Cela était terrifiant. Une terreur que l’héroïne de retour des morts profita. Elle fonça alors, profitant des quelques secondes qu’on lui offrait, pour arracher le fusil d’assaut des mains du criminel.

”J’ai dit tous vous buter hein.”

Au moins il n’y avait pas de surprise sur ce qu’elle comptait leur faire, mais plutôt que de tirer une longue rafale et alerter tout le monde que c’était le bordel dans la prison, elle se contenta de violents coups de crosse et de poing pour les envoyer faire dodo. Une correction bien sentie qui la défoula, avant qu’elle ne se retourne vers celui dont l’appareil était toujours à l’air.

”Toi… J’vais t’arracher les couilles."

Le type, paniqué, commença à hurler. Mais ceux-ci firent place à la douleur lorsqu’elle fut à son niveau, et qu’elle passa à l’acte.

Il y avait de nombreux écrans dans la prisons. Dans les salles de repos, au milieu des allées. Le parfait moyen pour diffuser à tout le monde les instructions et les ordres qu’ils avaient. D’ordinaire, il s’agissait de questions de planning et d’annonce globales, mais avec l’avènement des criminels en ces lieux, la donne avait changé. Surement que le directeur, ou plutôt celui qui faisait fonction, donnait les infos qu’il voulait, et c’était pourquoi Pratty n’avait même pas eu le temps de faire quelques mètres qu’elle s’était faite surprendre par une volée de sales types.

Toutefois, lorsque les écrans s’allumèrent et que la caméra s’activa, il ne s’agissait pas du facies disgracieux de leur bienfaiteur directeur, mais le visage un peu contusionné de Dreadnought. Celle-ci avait eu quelques bosses lors de la bagarre, son nez pissait le sang, mais elle était là, droite devant la caméra, assise sur le siège du patron avec toujours cette corde autour du cou.

”Vous pensiez que m’pendre suffirait pour que j’ferme ma gueule ? Putain que vous êtes naïfs… J’suis revenue d’entre les morts pour faire ce que j’dois faire, et ça implique de refoutre l’ordre dans c’t’endroit. Et il se pourrait que j’ai toutes les infos sous la main sur qui est responsable de ce bordel. Donc vous êtes tous confinés jusqu’à ce que l’ménage ait été fait !”

Appuyant sur un bouton, l’héroïne activa la procédure de confinement, faisant tomber dans chaque cellule d’épais murs d’aciers remplaçant les portes et les barreaux un peu trop simples à contourner, surtout si elles n’étaient jamais verrouiller. Et d’un simple appui, plus de 95% des prisonniers venait d’être rangés, même si tous n’étaient pas à leur place. Il restait quelques éléments libres, mais qui se feraient aspirer par les équipes d’interventions sitôt que l’occasion se présentera.

Mais plus satisfaisant que la mission qui commençait à prendre une bonne tournure était le visage de terreur des prisonniers. Ils l’avaient vu mourir ! Ils avaient vu Dreadnought se balancer au bout d’une corde ! Comment pouvait-elle être encore vivante, à les enfermer tous ?! Les pieux pensaient à la colère divine, d’autres étaient tellement stupéfait qu’ils n’avaient pas bougés d’un centimètre depuis qu’ils avaient vu son visage. D’autres, plus sceptiques, refusaient d’y croire alors qu’elle affichait un perfide sourire en coin sur ses traits.

”Maintenant… Si vous avez des trucs à vous reprocher, sachez que j’viens pour vous. Que j’vais vous trouver, et que vous allez morfler. Et j’pense que j’vais bien me marrer lorsque j’vous pendrais.”

Sur ce, elle coupa la transmission, avant de souffler, essuyant un peu sa bouche ensanglantée. L’effet recherché était là tout de même, d’autant que d’autres gardes commençaient à rappliquer. Autrement dit, elle avait d’autres gueules à briser avant d’être pénarde. Mais tant mieux, c’était son job et peut-être même plus que ça.

Plusieurs heures plus tard

Les allées de la prison d’Alcatraz avaient reprit un semblant de calme, si ce n’était les forces d’assauts de la police qui patrouillaient le secteur. Tout l’endroit était inspecté, des chambres aux conduits de ventilations aux salles des gardes. Personne ne pourrait se cacher, personne ne pourrait s’échapper, et ce, pendant qu’à l’extérieur, Dreadnought faisait son débriefing au responsable de l’opération.

Le cadavre du véritable directeur avait été retrouvé noyé, attaché à une pierre à quelques dizaines de mètres de l’île. Depuis plusieurs mois, les criminels avaient eu l’occasion de placer un des leurs à sa place, un criminel dont les pouvoirs de métamorphe étaient rudement pratiques. Les gardes, qui avaient reçu des ordres chaque jours un peu plus permissifs, avaient été largement corrompus pour fermer les yeux. Le pénitencier était devenu, au fil des semaines, un véritable bastion de criminel. Et d’occuper Alcatraz était un message terriblement fort.

Les interventions ayant été bloqués à chaque fois par le directeur, aucune tentative officielle n’avait pu aboutir, même s’ils savaient que quelque chose de malsain était en train de se mettre en place, bien que personne n’avait pu imaginer que l’endroit soit à ce point corrompu.

Pratty avait fait sa part du boulot. Obtenir les noms des différents leader, faire tomber la machine qui faisait dérailler le système judiciaire… Une mission dangereuse, beaucoup trop dangereuse, mais qui avait été couronnée de succès, quand bien même elle aurait dû y passer. Le simple fait de retirer cette foutue corde de son cou avait été une sacrée libération.

Comment elle avait survécue à sa pendaison ? Grâce à Kat et l’un de ses gadgets. Il s’agissait d’un tour de cou en métal suffisamment bien maquillé pour faire illusion. Sa nuque n’avait pas été brisée grâce à ce bidule, tandis qu’elle avait pu continuer à respirer. Après, il avait suffit à l’écossaise de rester inerte jusqu’à ce que l’occasion ne se présente, et elle avait sû surgir au meilleur moment.

La suite ? Ce n’était plus entre ses mains. Il s’agissait simplement de séparer les personnes les plus influentes et de maintenir au dessus de leur tête une poigne de fer afin que la suite ne se déroule. Il restait des parts d’ombres hein, et il était probable que ces types n’aient pas pu agir seuls. Mais qui était impliqué, si ce n’était des personnes influentes et bien placées ? Des politiciens ? Des sénateurs ? Elle n’allait pas avoir l’occasion de le découvrir, car sitôt son fait d’arme accomplit, elle fut remerciée et écartée de l’affaire.

Mais bon, elle était déjà contente d’avoir pu mettre un bon coup au foie de ces types, même si elle avait dû prétexter la légitime défense concernant le fait qu’un des criminels était aux urgences après une mutilation brutale, ce qui, vu le récit qu’elle avait raconté, avait été accepté mais pas sans sourcils froncés. Il restait juste à régler les derniers petits détails, notamment pour Dreadnought qui était au téléphone avec son ingénieur :

”Bon, j’crois que c’est bon pour aujourd’hui. Tu m’retires ton truc en rentrant ?”
”Mon truc ? Le tour de cou ?”
”Quoi d’autre ?”
”Bah c’est à dire que j’ai pas réfléchi à un moyen de l’enlever en fait.”
”[...] Tu sais que je vais te pendre ?”
”J’vais y réfléchir !”
”T’as jusqu’à ce que j’arrive !”

Toutefois, Kat avait raccrochée, ce qui laissa l’héroïne dans une colère noire. Quel plan foireux tout de même, bien que l’opération ait pu être menée à bien. Mais c’était assez pour une journée.