Le ciel au-dessus de San Francisco s'estompe doucement. Ses couleurs vives du jour virent au rouge orangé du coucher de Soleil alors que ses habitants s'empressent de plier bagages. On peut entendre des rideaux de fer tomber dans un vacarme métallique alors que des commerces signent leur fin de journée. Dans l'air, la douce odeur des snacks de rue se mêle à la bière et à l'urine tandis qu'on se hâte pour gagner la sécurité de son chez-soi. Des jeunes femmes passent en serrant leur sac contre elles, des parents se sont déplacés pour accompagner leurs enfants sur le trajet du retour. Le climat à beau avoir quelque chose de romantique, personne ne semble vouloir l'apprécier.

C'est peut-être parce qu'une bande de motards fait du boucan dans le parking d'à côté alors qu'ils bricolaient leurs bécanes ici déjà depuis le matin. Ou alors c'est à cause de ce sans-abri couché sur des feuilles de carton baignant dans son jus. Tous se le disent, il pourrait faire bon vivre à San Francisco si seulement on ne gardait que le positif. Ce sont ce genre de constats qui hérissent le poil de Jericho. Le jeune criminel ne peut pas supporter le mépris que l'on porte à tout ce qu'on ne veut pas voir. Assis comme une gargouille sur le bord du toit d'un petit immeuble, il laissant un pied se balancer dans le vide tandis que l'autre était recroquevillé pour qu'il puisse s'accouder à son genou. Son regard fixe est loin d'être vide. Il observe la ville et son comportement, attendant tranquillement que sa proie baisse sa garde. C'est l'heure de la chasse pour Hadès.

Les ténèbres qui ornent son crâne flottent au gré du vent comme s'il était une bougie et que sa flamme était d'un noir pur, profond, inquiétant. Sa chevelure surnaturelle pouvait rendre n'importe quel caillou aussi confortable qu'un coussin moelleux. Jericho se sentait royal, avec cette vue. Il pouvait imaginer ce qu'elle serait si la ville ne laissait personne de côté. Si aucune âme n'était laissée pour compte, jetée au débarras comme un vulgaire déchet. La petite voix qui lui parle dans sa tête lui indique qu'il pourrait dévaliser une boutique et remplir le pot aux donations affreusement vide du mendiant, mais il contestait. Ce n'est pas son combat. D'ailleurs, si les héros jouaient leur rôle, ils seraient venus en aide à ce pauvre homme. Penser à l'absurde égo des grands sauveurs de la société le faisait grimacer, sentant une haine amère s'élever depuis le fond de ses tripes. Le prédateur nocturne se levait.

Maintenant debout face au vide, il serrait le poing et serrait les dents, signifiant sa colère. *La rentrée des classes..*

Il pouvait apercevoir au loin, en bas dans la rue qu'un petit groupe de trois garçons portaient les uniformes de la Justice University. Il était au courant que la rentrée avait eu lieu il y a peu et qu'il était voué à croiser de nouveaux jeunes sur sa route. De nouvelles fraudes, de nouveaux faux héros. Son visage ne montre rien d'autre qu'un obscur sentiment, une sorte de démangeaison qu'il ne pourrait soulager qu'en allant s'assurer d'une chose ; si les mentalités avaient changé ou non. Depuis quelques années maintenant, Hadès se sert des étudiants de l'école des héros pour s'entraîner et garder la forme. Un peu comme des canards alignés convenablement pour exercer son adresse au tir. Il le faisait principalement par jalousie bien qu'il ne le dirait jamais de cette façon. Les jeunes de son âge ayant eu la chance de suivre une formation aussi prestigieuse ne devraient pas être moins forts que lui, il prend un malin plaisir à leur sauter dessus, histoire de rappeler aux apprentis héros que le danger ne prend pas de pause. Les plus faibles sont ses jouets, les plus forts deviennent ses cibles. Les trois jeunes gens se séparaient pour poursuivre leurs chemins respectifs et Jericho en suivait un. Celui-ci empruntait des ruelles certainement pour arriver plus vite et pour le criminel c'était le genre de situation idéale. Isolé, il pouvait tranquillement faire son affaire.
L'étudiant avait tout d'un nouveau. En plus de ne l'avoir jamais vu dans le coin, Jericho pouvait remarquer son insouciance incrédule. La tête dans son smartphone, les oreilles bouchées par ses écouteurs et sa musique au volume maximum, il pouvait bien se prendre un lampadaire en marchant tant il était peu attentif. Et cela aurait été bien mieux pour lui, à la place, voilà la Noche Muerte. Une large main noire s'écrasait sur lui et le gamin ne l'esquivait que partiellement, y laissant son téléphone par la même occasion. L'appareil tombait au sol et son écran se fissurait sous les yeux apeurés du jeune garçon.  Ce dernier bégayait, demandant ce qu'on lui voulait, ce à quoi le vilain répondit simplement :

"Te faire sombrer."

L'apprenti héros aura beau tenter de se défendre comme il le pouvait tout en cherchant désespérément de l'aide, il ne pouvait rivaliser avec la maîtrise de Jericho qui annihilait ses moyens de défense par la seule force brute de son Night Mane. Ils n'ont pu jouer que pendant un court instant, le visage en sang, l'étudiant avait déjà perdu connaissance laissant son corps à la merci du prédateur de la nuit. Il était tenu par les pieds par la chevelure d'ombres ayant pris la forme d'une main, exerçant une telle force qu'il aurait du mal à marcher. Hadès s'apprêtait à lui infliger le coup de grâce, armant un deuxième poing fait de ténèbres afin d'aplatir le perdant contre un mur à proximité, sans jamais transpirer. Il en était déçu. Il espérait tant trouver un étudiant capable de lui tenir tête, un étudiant qui donnerait au moins l'impression de savoir dans quoi il mettait les pieds. Au fond, Jericho les préparait. Il les habituait à un genre de danger qui deviendrait quotidien une fois engagé sur la voie héroïque. A ceux qui ne lui survivaient pas, il leur éviter tout simplement de perdre plus de temps dans une carrière qui n'était pas faite pour eux. Devenir un héros, un vrai, ça requiert une grande force mais également une grande volonté. Sans ça, le futur de la société héroïque ne pourrait pas sortir de l'obscurité.

"Tu veux sauver des vies.. mais pour l'instant, c'est toi qui demande à être sauvé... Pathétique."

Résumé:

Il pensait rester sur sa faim, sur un goût d'insatisfaction. Pas du tout.

Jericho était tombé sur un plus gros morceau qu'il ne l'avait prévu. En vérité, il n'a rien contre le fait d'affronter des héros, cela constitue pour lui un exercice beaucoup plus ardu qu'avec les étudiants mais il ne refusait jamais un bon défi. La Noche Muerte pouvait sentir un contact visqueux dans son dos, quelque chose semblable à un tentacule ou plutôt une langue de caméléon qui le tirait d'un coup sec. Pris par surprise, il laissait faiblir sa poigne sur l'étudiant alors qu'on venait lacérer ses cheveux pour extraire la victime. Jericho utilisait plutôt ses cheveux pour se stabiliser.

L'opposant sortait enfin de sa cachette, il s'agissait d'une femme. Une héroïne, de toute évidence. Son accoutrement que le jeune vilain pensait purement superflu faisait penser à la rencontre entre une sauvage amazone et une scientifique. Malgré l'affront que la sauvage lui faisait, le regard de Jericho ne changeait pas, les yeux restant écarquillés et imperturbables. Il observait les métamorphoses de son corps en laissant ses provocations rebondir sur l'armure de son insensibilité. Elle sous-entendait qu'elle allait le tuer, une déclaration bien peu héroïque aux oreilles du garçon désabusé. C'était enfin des pattes d'araignées qui vint lui pousser dans le dos, lui permettant de prendre Jericho de haut. Il restait là, les bras le long du corps et la tête levée vers son adversaire. Ses cheveux dansaient calmement tout en grandissant mais restaient attentifs aux mouvements ennemis qu'ils suivaient également.

Hadès ne se laissait pas impressionner et fit à son tour une démonstration d'alter, laissant Night Mane prendre un volume suffisant pour ensuite être façonné en plusieurs piques d'ombre qui s'élancent droit vers l'araignée de taille humaine qu'il souhaitait exterminer. Elle se trouve à la portée idéale de son alter, étant le mieux contrôlé à courte distance lui permettant de faire pousser les pieux dangereux très rapidement. Malgré leur nombre qui multiplie les chances de toucher, ils foncent tous en ligne droite et à l'horizontal vers Sixteen, une trajectoire facilement anticipée par quelqu'un qui a l'expérience du combat. Cependant les esquiver impliquait de laisser l'étudiant au sol risquer d'être blessé davantage. Il lui restait encore des cheveux pour se défendre au cas où.

Le vilain restait silencieux et se contentait pour l'instant de se concentrer pour ne pas commettre d'erreur ; il pouvait sentir que cet adversaire n'avait rien d'un petit nouveau. La moindre étourderie pourrait lui coûter gros alors il avait décidé de prendre ce combat au sérieux. Transformation animale. L'alter de son ennemie du soir était clairement plein de surprises, il ne pouvait pas se permettre de le sous-estimer.

Résumé:

S'il y avait bien quelque chose qui avait forcé le respect de Jericho pour cette héroïne aux allures primales, c'était son entêtement à vouloir protéger le garçon qui devrait au moins servir d'exemple pour appuyer ses insanités. Pour Hadès, la rouste qu'il venait d'infliger à l'étudiant devrait le détruire et pas seulement physiquement. Son mental, sa volonté devraient en prendre un coup. Est-il vraiment fait pour ça ? Est-ce qu'il continuera, au prix de tomber à nouveau sur ce genre d'ennemi à la violence sans gêne ? Comme si ses mauvaises actions étaient nécessaires, il se disait qu'il leur permettait au moins d'y voir plus clair sur ce que c'est un héros.

Aussi hostile pouvait-il être envers la métamorphe, il ne pouvait s'empêcher d'ignorer ses mots. Elle avait parlé d'enseigner. Une professeur de l'Université, comprenait le vilain. La réalisation permettait de donner à ses yeux pourtant stoïques, l'espace d'un instant, un air amusé quoi que dérangé. Il utilisait ses cheveux pour dévier les saletés qu'elle lui lançait. Son style de combat est très stationnaire, parfois à tort, mais il est généralement efficace. Le latino souriait comme un maniaque, se décidant enfin à décrocher un mot après que son adversaire ait enfermé son protégé dans une benne à ordures, bien scellée avec de la toile d'araignée.

"Quelle bien bonne fortune.. pour moi. S'agirait-il d'un de tes élèves ? Parfait ..! Tu sauras me dire une chose.. Est-ce qu'il est vraiment digne d'être un héros selon toi ? De mon point de vue, je dirais qu'il rêve ! Et c'est de votre faute. Vous lui avez fait croire qu'être un héros était un jeu. Rendez-lui service, renvoyez tous ceux qui n'ont pas la force de protéger qui que ce soit !"

Son désordre psychologique est bien visible ici. Jericho se délectait sadiquement, satisfait d'avoir pu montrer à l'enseignante la vision de son élève dans un piteux état. Elle devrait être énervée, ou encore inquiète pour lui et rien que d'y penser, Hadès jubilait. Elle avait exprimé un intérêt prononcé pour son alter, complimentant Night Mane tout en menaçant son porteur. La blouse blanche et son alter laissait Hernandez penser que son adversaire était une scientifique en plus d'être héroïne et professeure. Tant de capes pour une seule femme. Il comprenait qu'elle essayait de mettre le gamin en lieu sûr pour pouvoir se donner à fond et c'était un jeu auquel il voulait bien jouer.

Jusqu'à présent, elle était forcée sur la défensive et maintenant qu'elle avait sécurisé la victime, Jericho préférait ne pas lui laisser le temps de se déchaîner. Non pas qu'il craignait la puissance de la scientifique, mais il avait appris par ses quelques années d'expériences qu'il valait mieux ne pas donner de temps aux héros. Aux vrais héros, bien sûr. Ceux-ci sont de plus en plus dangereux avec le temps. Ils s'accrochent à une détermination inhumaine qui les maintient debout, il faut les mettre à genoux immédiatement. Son rire démoniaque baissait en volume alors qu'il se couvrait les yeux avec la main droite, murmurant des paroles espagnoles qui parlaient de la Noche Muerte.

"Esta noche... te vas a morir... Dulce Noche." (Ce soir, tu vas mourir. Douce Nuit)

Dulce Noche était une technique qu'il avait développé lui-même, sans le besoin d'un professeur comme le font les assistés de la Justice University. Elle représentait les fruits de son entraînement en volume, laissant ses cheveux pousser et pousser encore, autant qu'il le pouvait en peu de temps. Sa capacité était liée à ses émotions et son envie de prouver sa valeur à l'enseignante alimentait sa combativité. Night Mane arrivait bien vite à remplir la ruelle en largeur au niveau de Jericho, et la masse d'ombre s'avançait dangereusement vers ses opposants en dévorant tout ce qui se trouvait sur son passage dans l'obscurité. Les ténèbres engloutissaient notamment les ampoules qui éclairaient timidement l'endroit, on pouvait les entendre éclater sous l'étreinte de l'élément noir.  L'héroïne avait bien compris qu'il vaudrait mieux éviter de se retrouver emmêlé là-dedans, mais comment allait-elle faire maintenant que le garçon se trouve dans une grosse benne bien lourde, comment allaient-ils tous les deux éviter le miasme maléfique qui s'avançait vers eux ? Au moindre contact, Jericho pourrait les saisir et c'en serait fini.. du moins c'est ce qu'espérait le jeune assassin. Même si elle parvenait à contourner la vague, le corps de Hernandez était emmitouflé dans ses cheveux, difficilement atteignable au corps-à-corps qui se trouve être son point faible. Il démontrait alors l'ingéniosité de couvrir ses faiblesses. Si l'on voulait tout de même y trouver un défaut, ce serait le fait d'obstruer son propre champ de vision, l'empêchant de voir et donc d'anticiper le prochain mouvement adverse. Dans tous les cas, il prépare le terrain pour que lui aussi, il puisse se déchaîner.

Résumé:

Se lançant tour à tour leurs volontés opposées comme pour justifier leur affrontement, les deux parties semblaient avoir laissé tombé la finesse pour se battre à pleine puissance. Du moins, c'était le cas pour le vilain. Plus jeune, moins expérimenté, ultimement plus faible, il pouvait se rendre compte de l'écart de niveau entre eux deux quand l'enseignante passait enfin à l'offensive. Il avait bel et bien deviné qu'elle n'attendait que de savoir son protégé en sécurité pour riposter mais il n'avait pas envisagé que son alter s'en trouverait si versatile. Une vraie plaie, quasiment impossible de s'en prémunir. La vétérane s'était défaite de la technique de Jericho comme si de rien n'était, ce qui avait le don de troubler le garçon. En effet, ils ont tous les deux cette vision très darwiniste, en accord avec le style de biologiste de madame, pensant que la raison allait de facto au plus fort. La vie est une grande compétition et la survie en est la récompense. Il faut voir la réalité en face, il est complètement dépassé.

Depuis qu'il s'était dissimulé sous sa masse grandissante de cheveux mystiques, Jericho ne se basait que sur leur sens du toucher pour se repérer, un détail qu'aura bien fait d'exploiter l'héroïne. Déjà, il n'a pas vu quels animaux elle avait choisi d'imiter, ne sachant donc pas ce qu'elle prévoyait et comment s'en protéger efficacement. Il sentait un premier coup, un coup tranchant qui vint sectionner quelques touffes à l'avant, suscitant comme un réflexe un mouvement brusque de Night Mane, comme s'il s'agissait d'une créature vivante, tendant son tentacule pour essayer de saisir ce qui venait de l'attaquer. En vain, car il n'avait pas non plus vu les ailes. Des ailes de chouettes pour être plus précis. Un choix judicieux, puisqu'elles ne font pas de bruit et ne risquent pas d'alerter le vilain sur sa position. Elle s'est donc repositionnée rapidement pour éviter d'être prise, profitant d'une énième mutation pour contrer Dulce Noche.
C'était un insecte. Même en voyant l'abdomen difforme, Hernandez n'aurait même pas pu se douter de ce qui l'attendait. Il entendit comme une détonation avant de sentir ses cheveux être agressé par une substance corrosive. Fort heureusement, il ne sent pas la douleur à travers son alter mais il sentait bien le volume réduire à n'en rien comprendre. Il lui a fallu trente secondes pour allumer une ampoule dans l'obscurité de sa tête : de l'acide. Les animaux sont des êtres retors, mortels. Rendus à l'échelle humaine, il ne pouvait pas tenir le rythme. En se sentant acculé, il commençait même à paniquer. Alors qu'elle se frayait un chemin vers son corps physique à travers les ténèbres, ses yeux toujours écarquillés renvoyaient maintenant de la confusion, une perturbation qu'il rencontre vraiment très peu souvent. Ses idées et ses pensées s'entremêlent comme des nœuds dans la tête. Que faire ? Simplement s'avouer vaincu ? Impossible.

Alors qu'une pince froide et sans émotion venait l'attraper à la gorge, il avait le déplaisir de voir des flashs de son enfance passer devant ses yeux. Est-ce qu'il pensait qu'il allait mourir ? Certainement qu'une héroïne n'allait pas le tuer. Pourtant, c'était bien ça, le fameux "voir sa vie défiler" qu'on associe à la mort. Son corps se crispe et se contracte, il n'a pas dit son dernier mot. Malgré la peur. Malgré cette boule qui se forme dans sa gorge alors qu'il réalise sa faiblesse. Et en plus, elle lui répondait dans sa langue comme pour se moquer de lui. Son ego ne pouvait le supporter. Au milieu des ombres, il poussait un cri alors qu'il voulait montrer à la prof' qu'il valait bien mieux que ça. Il se contracte, comme pour pousser Night Mane à pousser encore. C'est comme faire deux tractions supplémentaires après une longue série. C'est fatiguant, c'est risqué, et bien souvent ça ne vaut même pas le coup. Mais c'est ça quand on ego lift. Il fit de son mieux refermer la masse ténébreuse en une sphère, profitant qu'elle s'était rapprochée pour l'envelopper avec lui. Les cheveux proches de sa nuque s'infiltraient comme ils pouvaient entre les deux battants de sa pince qui serrait son cou, prêt à le décapiter. Il essayait tant bien que mal de repousser les ciseaux tandis que le reste de sa crinière voulait écraser son adversaire, comme un insecte dans le creux d'une main géante. L'acide a abimé ses cheveux et les forcer à pousser à nouveau pour renverser les dommages est un effort modéré. Les mèches veulent se lover autour de chaque partie du corps de la savante comme des constricteurs autour de leur proie.

"Moi aussi.. Je veux devenir plus fort.. Mais je ne me reposerai pas sur la guidance d'un autre..!!"

Leurs sentiments même les plus enfouis entrent en collision. Jericho ne pourrait même pas tenir bien longtemps comme ça, il savait pertinemment qu'il lui suffirait de se métamorphoser encore pour se sortir de la prise. Autant que possible il voulait blesser son adversaire, donnant de petites épines à ses mèches pour qu'ils se plantent un peu partout dans la sauvage comme des ronces. La manoeuvre d'immobilisation était faite pour permettre une attaque de précision, avec moins de chance de manquer. Etant donné qu'ils sont au corps-à-corps, Night Mane n'aurait pas besoin de beaucoup de force pour étendre une pointe inattendue au niveau du torse de Jericho, vers le torse de son opposante. L'empaler, la blesser, faire en sorte qu'elle ne puisse plus le sous-estimer, ses intentions étaient tout sauf pures. Il fournit des efforts pour l'emporter et on pourrait au moins complimenter sa force de volonté.
Son enfance, son histoire, ses ambitions, tant de concepts forts pour lui qui font qu'il refuse d'abandonner.

Résumé:

Hadès a beau lutter, la balance du destin ne penche toujours pas de son côté. La douleur, l'effort mais surtout la colère qui le ronge font que ses esprits sont embrumés. La pointe qu'il avait forgée de ses cheveux avait bien blessé sa cible mais la versatilité de son alter était un avantage majeur pour l'héroïne. Une excellente défense et des capacités offensives qui n'ont rien à envier, elle passait littéralement du coq à l'âne en plein combat, ne laissant à son opposant que très peu de temps pour trouver une stratégie suffisamment souple pour contrecarrer sa prochaine transformation.

Mais dans un affrontement sérieux entre héros et vilain, la moindre seconde d'hésitation est fatale. Un peu comme le combat de survie entre deux animaux, en effet. Ne sachant où se ranger, ni comment utiliser Night Mane pour prendre la savante de court, Jericho était comme perdu. On pourrait associer son sentiment à une scène commune. Visualisez un garçon dans sa chambre, en train de jouer à un jeu de combat. Il affronte un joueur plus expérimenté, qui connaît des combinaisons spéciales par coeur, dont les mains sont comme imprégnées des réflexes du jeu. Pas le temps de sortir le manuel et les combos en plein combat, il utilise le peu qu'il a mémorisé mais c'est en vain. Voilà comment se sent le jeune vilain contre une héroïne chevronnée. Il s'est fait secoué dans tous les sens, essayant de réduire les impacts avec ses cheveux qu'il peine à contrôler dans sa situation. Son corps roule au sol, et sa coiffure le rattrape comme des bras avant de le soutenir alors qu'il se relève. Ses yeux habituellement grands ouverts ne le sont plus. Il tient son épaule gauche, le bras en question semblant carrément retourné. Il n'avait pas qu'une seule fracture, il sentait sa fin venir.

Elle aurait pu l'achever, facilement. Il se serait fait transporter par la police et ce serait retour à la cage pour l'animal nocturne. Il ne comprend vraiment pas pourquoi elle perd son temps à parler. Elle ne fait pas que parler, en faite. Elle lui donne même des conseils. Pourquoi ? Qu'est-ce qui lui prend ? Hernandez serre les dents, prenant ses paroles pour de la provocation visant à piquer le fait que malgré le potentiel de Hadès, il n'était pas bien différent des étudiants, encore en formation. Et sa question, était-ce une question rhétorique n'attendant aucune réponse ? Est-ce qu'elle le narguait à la mort ? Dans tous les cas, Jericho, lui, n'aime pas dire des choses qu'il ne pense pas. Il essaie de se redresser comme il peut, caressant le bitume poussiéreux de son pied amoché et dit en coupant ses phrases de profondes respirations :

"Faire ce qu'il faut.. pour évoluer... ouais.. Tes élèves.. surtout celui-là.. ont intérêt à suivre... tes conseils ..."

Même si il pense qu'elle bluffe et qu'elle ne le laisserait pas faire, il profite qu'elle soit partie libérer son protégé de son bunker à déchets pour s'éclipser. Une fine mèche s'était élancée pour accrocher un escalier de secours qu'on trouve près des fenêtres des habitations. Il a rétracté le fouet d'ombre rapidement et ce n'était pas la meilleure idée, ses côtes cassées ne lui disent pas merci et le lui font savoir. Il grimace de souffrance en regardant en bas, vérifiant qu'elle ne le suive pas. La scientifique avait l'air intéressée par ses cheveux, suffisamment pour aller en sécuriser une touffe coupée mais Night Mane se désagrège tout seul en moins d'une heure, quand séparée de la tête de Jericho. Il a préféré garder ce détail, laissant l'héroïne avec sa satisfaction.

Ses paroles résonnent encore dans sa tête. Faire ce qu'il faut pour évoluer. Ca semble si évident et pourtant il avait ignoré la flagrante réalité avec toute son âme. Toute sa plus mauvaise volonté. Il se sent bête mais il est encore temps de se corriger, puisqu'on lui laisse peut-être une chance. Leur prochaine rencontre promet d'être intéressante, et le résultat risque d'être tout autre... Mais avant ça il faut qu'il lèche ses blessures...

Résumé: