Cette vie de fugitif en cavale n'est pas de tout repos. Jericho doit passer d'une planque à l'autre pour éviter de se faire localiser par le Centre, l'organisme criminel qui le hante depuis l'enfance. C'était une période marquante de sa vie, qui sait quel genre de héros il aurait pu être s'il n'était pas passé par tant de misère ? Dans tous les cas, il avait réussi à s'enfuir mais son calvaire n'était pas terminé. Ils le traquent, comme un animal.

Mais son passé n'est pas le seul à lui vouloir du mal. Son présent également. Il n'est pas rare qu'il doive se battre pour mériter sa place, là dehors. Il faut dire que les rues de San Francisco étaient encore pleines de ces gens. L'arrivée des alters a secoué l'humanité depuis bien longtemps et ces secousses se font encore ressentir à l'heure actuelle. La criminalité malgré la présence des héros ne se fait pas plus discrète, la situation est toujours difficile pour ceux qui ne tombent entre les mailles du filet de protection. On parle de pauvres gens qui se sont retrouvés là à cause des aléas de la vie, mais également d'ordures qui croupissent dans le fond parce que c'est là où ils se sentent bien. Des familles qui n'ont pas les moyens de vivre une vie "ordinaire" ou des hommes qui se complaisent dans le crime. Un milieu où il est difficile même pour les chiens de la Justice d'y faire régner sa loi. Il faut être fort et prudent quand on traîne dans les recoins de la ville.

Il en connaissait quelques uns des endroits comme ça. Parfait pour ne pas dormir trop longtemps au même endroit, de peur d'être retrouvé. Et ce soir, les bidonvilles dans la région de la baie de San Francisco accueilleront Hadès. C'est peut-être le squat le plus peuplé qu'il connaisse, il pourrait même dire surpeuplé. Les sans-abris sont légions. Les personnes mal intentionnées se sont immiscées parmi eux et font tourner leurs sombres affaires en profitant de leur environnement pour rester incognito. Ici, il n'y a pas vraiment de propriété. A tout moment, quelqu'un peut vous prendre le peu que vous avez. Comme ils vivent ici, la plupart se connaissent et s'est installé une espèce de climat communautaire parmi les défavorisés qui se considèrent comme des voisins, bien que leurs maisons soient des tentes - pour les plus chanceux. Jericho n'aime pas être entassé avec les autres, il refuse de dormir dans l'urine de l'ivrogne de droite. Ce qu'il fait habituellement, c'est qu'il s'éloigne un peu de la masse. Un petit groupe de bons à rien le gênent. "C'est ma place ici." il les intimide d'un regard et les fait déguerpir pour obtenir la paix. Voilà où on en est rendu. Comme des loups ou des hyènes, il fallait montrer les crocs pour conserver le moindre confort, la moindre nourriture. D'ailleurs Jericho n'avait pas encore mangé depuis la veille et il en avait l'habitude.

Seulement voilà, dans les bas-fonds, on n'est jamais réellement tranquille. De la même façon qu'une chaîne alimentaire, s'il pouvait "manger" les plus faibles que lui, il existait encore d'autres maillons, plus forts, qui pouvaient également lui tomber dessus. Avec son regard haineux et son attitude très peu chaleureuse, il a rapidement fait de provoquer les têtes brûlées autour de lui. Même si l'endroit où il se trouve est moins bondé, il y a quand même des gens, et ça, il n'aime pas. Il ferme un oeil mais garde l'autre ouvert - au sens figuré bien sûr.  Et il a bien raison. Ceux qu'il avait chassé quelques minutes auparavant étaient revenus avec des amis. Le groupe ayant interrompu le repos de Hadès servira d'exemple. Il les aplatit un à un, son alter et son entraînement ne laisse aucune chance à ces incapables, quelque soit leur nombre. En les écrasant, il sait qu'il attire l'attention des autres dans le bidonville. Des regards qu'il préférait éviter. A tous les coups, d'autres viendraient pour l'embêter ...

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La tranquillité n'est pas au menu. Il n'a toujours pas pu se poser cinq minutes sans qu'on vienne l'importuner. Il venait de faire déguerpir une bande de marioles quand une nouvelle peste vient lui tourner autour. Il la regarde de haut en bas et ses grands yeux rouges démontrent de l'agacement. Une jeune, seule. Elle a bien l'air de quelqu'un du coin et pourtant Jericho n'arrive pas à la reconnaître. Pourtant, elle lui parle comme s'ils avaient élevé les cochons ensemble. La teigne vient se plaindre de la violence, accusant carrément Hernandez de troubler la paix de ce bidonville. Quand bien même c'était vrai, il était un vilain. Troubler l'ordre, c'est un peu son quotidien. Il la fixait sans dire un mot, sentant néanmoins son sang bouillir à l'intérieur. Les gars juste avant l'avaient énervé.

D'habitude il aurait ignoré la sale gosse et lui aurait simplement dit d'aller voir ailleurs mais, aussi surprenant que cela puisse être, contrôler ses émotions et notamment sa colère est une faiblesse pour le sinistre jeune homme. Ses sourcils se froncent et il serre les poings se montrant immédiatement hostile envers elle. Après tout, il avait toutes les raisons de penser que c'était encore une autre criminelle de bas étage en mal d'action, pensant peut-être qu'il était une proie. Sur la défensive, les cheveux de Jericho se sont animés sans attendre. La grosse masse d'ombres se fendait en deux grosses mèches qui grossissent à vue d'oeil en prenant la forme de bras aux mains crochues. Les deux membres noirs se sont posés au sol et élevaient le corps de Hadès dans les airs, agissant comme des pattes massives.

"Je sais pas de quel trou paumé tu viens, sale rat ... mais retournes-y .. !"

Dans un élan de colère, Jericho amène la grosse patte droite en avant comme s'il voulait piétiner la jeune fille à la queue de rongeur. Ce n'était qu'une sommation, il voulait simplement la faire partir. Le piétinement lourd soulevait une vague de poussière typique de cet endroit insalubre. Les yeux rouges de l'espagnol ne clignaient pas plus pour autant, lui donnant l'air d'un vrai psychopathe. Peut-être serait-ce suffisant pour dissuader la jeune fille.

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