Ta journée était tout ce qu’il se faisait de plus normal, si ce n’était que tu te noyais sous le travail. Tu avais tant à faire, l’écriture, la musique, les commandes d’accessoires, la réputation publique sur les réseaux sociaux, tant, tant à faire. Tu passais des heures sur l’ordinateur, tout se faisait de là maintenant, mais tu passais également des heures à l'établie, la couture ne pouvait pas encore se faire numériquement, dieu merci, tu adorais te servir de tes doigts, même si c’est compliqué. Avant chaque séance, il fallait que tu fasses tes griffes à la lime en fer, ce n’était qu’une mesure momentanée, son alter maudit faisait qu’elles s'aiguisent seules. En une paire d’heures, elles deviennent tranchantes comme des lames de couteau, cela ne manquait pas de ruiner le tissu qu’elle touchait avec, à cause de leur forme de crochet sur la pointe.

Mais nous ne sommes pas là pour raconter ta journée classique, ce jour n’était en rien ordinaire ! Dans ton manoir, financé par la sugar mommy de ta famille, une chose horrible vient de se passer ! Ton cri résonnait dans l’intégralité de la demeure, alors qu’elle était particulièrement grande. Tu penses bien que jamais de ta vie, tu n’avais poussé un cri aussi sincère et rempli d’effroi. Au moment de la coupure électrique, pour tout dire. Tu avais même réussi à alerter tes parents adoptifs qui avaient rappliquer à la vitesse de la lumière.

“MON TRAVAIL ! TOUTE MA NUIT BLANCHE EST PARTIE EN FUMÉE !”

C’était pire que tout ! Comment est-ce qu’une demeure aussi luxueuse a pu avoir son courant zappé comme ça ? Et les générateurs de secours ? Tu ne savais même pas que vous étiez relié au courant commun ! En un instant, tu étais à fleur de peau, ce n’était pas bon pour toi. Tu voyais ton travail non sauvegardé disparaître, et l’air commençait à te manquer. Que c’était de colère, de désespoir ou d’angoisse, tu n’arrivais pas à te calmer, et tu décidais dans un moment de lucidité de mettre ton honneur de côté pour te réfugier contre Charle. Sûre qu’il pourrait te détendre, et ne refuserait pas de le faire.

Puis quelques instant après, l’écran s’allumé, un type apparaît, et son message est transmis. Oh oui, tu l’avais écouté, mais tu n’en avais tiré rien d’autre que le nom de l’enculé qui a provoqué tant d’émotions en toi que tu étais obligé de trouver du réconfort chez tes adopteurs. Tes dents grinçaient, et ta chambre était prise d’un puissant courant d’air, ta queue frappait le sol avec une telle intensité qu'elle laissait des traces.

“Ce sont qui ces enfants de dévergondée, je vais les retrouver et les jeter du haut d’un gratte-ciel !”

Etre une force de la nature comme Dreadnought s’accompagnait de beaucoup de légers désagrements qui, au premier abords, n’étaient guère aisément devinable. L’écossaisse avait en effet beaucoup de ports, de capteurs et d’équipements implantés à l’intérieur même du corps de l’européenne qui, lorsqu’elle se lavait, devait faire preuve d’un doigté presque étouffant. Après tout, nettoyer la poussière et la saleté qui s’incrustraient dans les moindres recoins sans laisser l’humidité s’implanter demander un sacré paquet d’effort.

Et il y avait des jours où rien n’allait. Elle qui faisait souvent couler le sang devait l’essuyer par moment de ses mains, et cette saloperie avait tendance à être tenace. Mais l’hygiène et son entretien était une chose à laquelle elle ne voulait ni ne devait couper. Et au moins pouvait-elle le faire un semblant de distraction avec de la musique blastée à fond dans sa salle de bain.

Enfin, jusqu’à ce que la coupure générale ne vienne faire chier. Plongée dans l’obscurité et craignant le pire, Pratty eu comme réflexe de directement prendre une arme. Ce ne serait pas la première fois que des criminels saboteraient l’électricité pour s’en prendre à une figure, mais même sans son équipement, elle ne se laisserait pas tomber sans offrir l’enfer à ses potentiels aggresseurs, quand bien même l’affrontement devrait se faire les fesses à l’air pour l’héroine.

Toutefois, personne ne vint. Rien ni personne. Le silence dans lequel son appartement fut plongé ne fut coupé que par l’émission de son téléphone d’une voix qu’elle ne connaissait guère, mais dont les grandes déclarations eurent le don de la faire chier. Encore de soits-disants révolutionnaires qui critiquaient les héros sans pour autant être capable de faire mieux que de brasser dans la fangue…

”Putain…”

Soupira-t-elle alors qu’elle posait son flingue sur le meuble à côté d’elle, laissant sa douche reprendre son cours. Tout cela n’augurait rien de bon malheureusement, mais une épaisseur de problème dans l’enfer qu’était devenu cette ville ne changerait pas grand chose. Et au contraire, une bande de racaille comme ces Ouroboros ne montrerait qu’une chose : Cette ville avait besoin de personnes capable de foutre les deux mains dans le bourbier pour choper par le cols les instigateurs du chaos. Des personnes comme Pratty en somme.